Dans la lumière d'une nuit de lune narquoise, forcément bleu pétrole, l'Homme a tête de chou" ne raconte pas seulement la vie tumultueuse de la petite garce Marilou, insaisissable shampouineuse qu'un homme "aveuglé par sa beauté paienne" fera disparaître sous la mousse. Le spectacle raconte aussi une autre histoire, belle, de campagnonnages et de complicités artistiques, de Bashung avec Gainsbourg, de Gallotta avec Bashung, qui aura résisté aux forces (à la farce) de la mort. Et sur scène, c'est dit sans barouf. Des corps sans décor hormis le fauteuil à roulettes que l'absent Bashung n'occupera plus. Besoin de rien d'autre.
De rien d'autre que des diagonales vertigineuses, des courses frénétiques, des pas glissés, une gestuelle ample des bras, la puissance et la dextérité des mouvements d'ensemble. "C'est beau à tomber, écrit le journéliste Patrice Demailly. Danseurs sublimes, sidérants, affolants, dotés d'une énergie dévastatrice".
En douze tableaux, les quatorze interprètes, comme on distille un parfum, rendent un hommage flamboyant et noir, tragique et enivrant à la vie. Désespérés et insolants, inconsolables et fringants, Serge Gainsbourg et Alain Bashung offre chaque soir en cadeau, sur la scène, "leur absence en héritage".
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